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Photo du rédacteurElisa Laporte

Non, les pères ne sont pas les figurants de la Parentalité !



Photo by Vidal Balielo Jr. from Pexels

Nous entendons quotidiennement des discours reléguant les pères au second plan de la parentalité : « Il n'aide pas assez sa femme », « Il ne prend pas sa place de père », « Il travaille », « Il ne joue pas son rôle pour aider à la séparation mère-bébé », « Il ne fait que jouer avec ses enfants ».


Rappelons-nous tout de même qu'au début, il y avait le couple et un désir d'enfant. La décision de donner la vie est un engagement fait à deux pour la vie, même en cas de rupture. Il est de plus en plus reconnu qu'à ce moment précis, femme comme homme ont leur mot à dire et qu'il n'est pas recommandé de faire ce choix de manière unilatérale.



Alors, à quel moment l'idée que le père est un figurant grandit-elle ?


Pendant la grossesse déjà, nous attribuons tout le boulot à la mère qui porte l'enfant, dont le corps change et qui subit parfois des symptômes désagréables, voir carrément gênants (nausées, vomissements, mal de dos…). Pourtant, ce temps où le fœtus grandit, c'est également le temps de maturation de la parentalité. Le couple réfléchit à comment accueillir cet enfant matériellement (on décore la chambre, déménage, change de voiture…) mais aussi affectivement, psychologiquement (Quelle éducation a-t-on reçue ? Quelle éducation veut-on apporter ? ).


La mère est loin d'avoir l'apanage de ce cheminement. Le père peut ici s'investir à loisir avec son histoire, ses croyances et ses blessures.



Les hormones : un cadeau exclusivement féminin ?


J'entends souvent que ce qui fait le lien mère-enfant est dû aux changements hormonaux. Et bien, les hommes vivent des modifications également à ce niveau là.


Selon une étude publiée dans l'American Journal of Human Biology, le taux de testostérone et d’œstradiol décline chez les hommes qui attendent leur premier enfant.


La testostérone passerait de 50,23 picogrammes par ml de salive la 12ème semaine à 47,62 la 36ème. Ce déclin stimulerait l'attachement en réduisant l'agressivité envers l'enfant. Le taux d’œstradiol passerait lui de 2,34 microgrammes par dcl la 12ème semaine à 2,13 la 36ème semaine. Cette chute aiderait l'homme à assumer ses responsabilités.


Même si les chercheurs ne savent pas expliquer exactement ces changements chimiques dans le corps des hommes, il est tout de même manifeste que quelque chose se passe également chez ces derniers.


Le bébé naît enfin à la vie et les « rôles » s'installent. Beaucoup de discours sur l'allaitement laissent entendre qu'il n'y aurait pas de place pour les pères dans ces moments d'intimité mère-enfant. Pourquoi ? Parce que le père n'a pas de seins, il ne participe pas ? Tout d'abord il peut être engagé dans ce choix et participer aux conditions qui vont permettre au couple de l'assumer dans la durée. Ensuite, il peut être présent lors des tétées, être celui qui porte l'enfant au sein … Il a un rôle même si ce n'est pas celui de nourrir de son corps le bébé.


Et d'ailleurs, il n'y a qu'à voir le discours des mères dont les bébés sont nourris au biberon, pas de grande révolution : « C'est moi qui me lève la nuit », « Il ne s'endort qu'avec moi »...


Donc exit le problème de l'alimentation car il ne détermine en rien une place pour le père.



Mais où sont les pères ?


Je crois qu'en réalité, nous nous plaignons du manque d'investissement des hommes dans leur paternité alors qu’inconsciemment nous entretenons tous (hommes et femmes) cette mise à distance. Il n'y a qu'à regarder les forums de discussions. Les mères partagent leurs difficultés (et elles ont bien raison!) mais bien souvent les réponses apportées se réfèrent à l'extérieur du couple, voir de la famille. Mais où sont les pères ?


Il est vrai que dans les ateliers sur la parentalité, il y a toujours une majorité de femmes. Et d'ailleurs les hommes apportent toujours une vraie richesse aux échanges, même s'il sont minoritaires.


Alors je citerai Béatrice Kammerer dans son livre « L’éducation vraiment positive : Ce qu’il faut savoir pour que les enfants soient heureux… et les parents aussi ! » aux Editions Larousse :


« les pères “n’aident pas” les mères, ils sont autant parents que les mères ».



Le modèle patriarcal a la vie dure


Il est urgent de prendre conscience que malgré l'évolution de la société, la famille est encore bien souvent fondée sur un modèle patriarcal dans lequel le père travaille et la mère élève les enfants. Cette structuration familiale devient d'autant plus difficile à tenir pour les femmes dès lors qu'elles travaillent aussi. D'où une surcharge mentale importante.


Et si nous sortions de la maternité sacrificielle qui veut que les mères donnent tout et plus, pour leurs enfants. Dans lequel l'amour est mesuré en sacrifices et endette les enfants. Parce que cette dette sera coûteuse à rembourser, ou à épurer chez un psy !


Interrogeons nous sur le modèle familial que nous souhaitons transmettre à nos enfants : la mère est actrice, pilier de la vie familiale et le père est un figurant qui se montre pour soutenir le 1er rôle.


Par conséquent, nous enjoignons nos enfants à reproduire ce modèle que nous savons intenable.


Pourrions nous dépasser les préjugés qui nous laissent croire qu'un père est gauche et ne sait pas mettre un body dans le bon sens ( je me suis moi-même trompée plusieurs fois!), qu'il va noyer notre enfant dans la baignoire, ou le laisser s'étouffer dans ses sanglots ? Oui, les hommes ont sans doute moins joué à la poupée (merci les stéréotypes), moins regardé les femmes de leur famille prendre soin des bébés. Mais ils peuvent apprendre, comme tout un chacun, à réaliser ces gestes qui sont parfois bien plus faciles que d'autres de notre quotidien.



Pour une parentalité partenaires


Alors, investissons notre énergie dans une image du couple partenaire, homme et femme égaux dans la mission d'élever un enfant vers le bonheur. Nos enfants pourraient alors expérimenter plusieurs manières de faire, plusieurs sensibilités émotionnelles, plusieurs chemins de résolution de difficultés.


Laissons les pères vivre pleinement leurs émotions face aux pleurs de leur bébé, aux colères de leur bambin, aux « non » de leur enfant. Ils pourront alors cheminer dans l'aventure qu'est la parentalité, parentalité qui nous fait grandir chaque jour un peu plus.


Permettons aux pères d'être des co-stars, des vedettes de leur parentalité ! Vous voulez travailler sur votre co-parentalité, faites vous aider lors d'un accompagnement parental avec un professionnel.


Elisa Laporte

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